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Luxembourg, le 13 octobre 2025

Réaction de la plateforme JIF aux propos antiféministes du député DP Gerard Schockmel

Communiqué de presse

La Plateforme JIF exprime sa profonde préoccupation face à la publication, dans le Luxemburger Wort du 12 octobre 2025, d’un texte signé par le député Gérard Schockmel intitulé « Wie der Feminismus die Abtreibungsdebatte beherrscht ».

Cet article ne relève pas d’une opinion argumentée, mais d’un long exercice de dénigrement idéologique. Il recycle les clichés du feminist bashing en y ajoutant une touche de peur morale et de la nostalgie pour un monde où les femmes savaient rester à leur place. Ce n’est pas un texte d’analyse : c’est un pamphlet antiféministe.

L’auteur dénonce une prétendue “haine” et “intolérance” du féminisme, alors que ce sont précisément ces attitudes qui traversent son propre texte. C’est lui, et non le féminisme, qui oppose les femmes et les hommes, qui divise la société et alimente la méfiance. Ces attaques n’apportent aucun argument réel et cachent ce vide par une instrumentalisation grossière de la figure de Simone Veil.

Dans un contexte mondial déjà marqué par des replis autoritaires et la montée des discours réactionnaires, ces prises de position sont dangereuses. Elles participent à un climat où les droits des femmes sont à nouveau fragilisés, où l’on prétend que défendre l’égalité serait une menace pour la société.

Nous saluons la réaction rapide de la ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité, Yuriko Backes, qui a fermement contesté ces affirmations. Nous attendons maintenant du Parti démocratique (DP) qu’il tire les conséquences d’un tel texte signé par l’un de ses députés.

Quant au Luxemburger Wort, il ne peut pas se décharger de sa responsabilité sociale par un simple encadré précisant que “les opinions exprimées n’engagent pas la rédaction”. Un journal qui se veut l’un des piliers de la presse nationale ne peut offrir sa tribune à un discours sans fondement, plein de mépris et de désinformation, sans en mesurer les conséquences. Au nom d’une soi-disant liberté d’expression, souvent invoquée aussi par les personnalités les plus dangereuses de notre époque, le Wort contribue, une fois de plus, à banaliser des propos qui fragilisent la cohésion sociale. Ce n’est pas du pluralisme, c’est un manque de rigueur éditoriale.

Le féminisme n’est pas une idéologie contre les hommes, mais un mouvement essentiel pour l’égalité, la liberté et la dignité de toutes et tous. Il a permis des progrès dont toute la société profite. L’importance du féminisme se mesure justement à la virulence de ses détracteurs. L’histoire nous montre que la haine des femmes, souvent à peine masquée, s’exprime avec d’autant plus de force lorsque de nouveaux droits sont conquis et que les forces féministes se rassemblent. C’est ce que nous voyons aujourd’hui avec ce texte. Remettre en cause le féminisme ou le droit à l’avortement, c’est s’attaquer à la liberté la plus fondamentale : celle dechoisir sa vie. Qualifier le féminisme d’ « idéologie impitoyable » ne dit rien du féminisme, mais beaucoup de la peur de celui qui ne supporte pas d’entendre d’autres voix que la sienne.

Nous appelons à une prise de conscience collective : les mots ont un poids, surtout lorsqu’ils sont portés par un député et relayés par un grand média. Ce texte ne relève pas du débat démocratique, mais du discours haineux. Et dans les temps que nous vivons, la haine déguisée en opinion n’a rien d’anodin. La Plateforme JIF continuera à défendre sans relâche une société égalitaire, fondée sur la solidarité, la vérité et le respect.