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(FT) En 1997, vous avez publié avec Antoinette Lorang et Renée Wagener le premier ouvrage collectif sur l’histoire des femmes au Luxembourg ˝Wenn nun wir Frauen auch das Wort ergreifen… Frauen in Luxemburg 1880-1950˝. Est-ce que vous pouvez me rappeler le contexte dans lequel cet ouvrage a été publié ?
GG : L’idée de publier un ouvrage collectif sur l’histoire des femmes au Luxembourg est née d’une situation déficitaire. En effet, l’histoire luxembourgeoise a été jusque-là souvent relatée comme l’histoire des « grands hommes » du Grand-Duché et les femmes n’apparaissaient que très rarement. Il s’agissait donc de sortir les femmes de l’oubli et de mettre en lumière l’évolution du statut de la femme dans la société luxembourgeoise. De plus, le succès d’un nouveau courant scientifique, appelé Women’s studies, plaçant la femme au cœur des recherches et adaptant ainsi une perspective féminine de l’histoire, nous motivait à combler ce vide.
Avez-vous voulu faire passer un message ou réveiller les consciences chez vos lecteurs ?
GG : Nous avions voulu, comme le titre le suggère, donner la parole aux femmes. Ainsi, nous avons choisi une variété de sujets comme par exemple l’éducation féminine, la présence des femmes dans la vie politique et professionnelle, l’engagement des femmes dans le sport et dans la culture, ainsi que les femmes sous l’occupation national-socialiste. L’idée était de donner des faits sur les femmes au Luxembourg, de raconter leur histoire. Ainsi, nous avons par exemple fait des portraits sur la première députée du Grand-Duché, Marguerite Thomas-Clement ou encore sur le métier de sage-femme et bien d’autres sujets. En d’autres mots, nous avons tenu à illustrer le portrait des femmes-pionnières au Luxembourg. Par ailleurs, l’idée était aussi de remettre en question le rapport entre les sexes, comme il a été véhiculé jusque-là dans le domaine scientifique et aussi dans la société. Il y avait donc beaucoup de travail et il reste encore beaucoup à explorer.
Vingt ans après la publication du premier volume, vous prenez de nouveau la parole et travaillez avec d’autres auteur-e-s sur un deuxième volume. Quelle est l’idée derrière cette nouvelle publication ?
GG : Tout d’abord, le dernier livre s’arrête à la fin de la Seconde Guerre mondiale et il faut continuer à raconter l’histoire des femmes au Grand-Duché jusqu’à aujourd’hui. De plus, la réalité a beaucoup changé durant ces soixante-dix ans. La réalité est devenue beaucoup plus complexe. Ainsi, des nouveaux modes de vie, comme par exemple le mariage homosexuel, la pluralité culturelle de la société, les rôles de genre et les nouveaux rapports de sexes façonnent la société. Il est donc temps de s’intéresser à ces changements et de les étudier. Le prochain livre entend donc refléter cette société d’aujourd’hui en jetant un regard rétrospectif sur les raisons, qui ont contribué au statu quo. Il ne s’agit plus de porter explicitement le regard sur les femmes pionnières au Luxembourg et de mettre en exergue leur champ d’action, mais d’étudier davantage le genre dans toute sa pluridisciplinarité. Par ailleurs, le point de vue selon lequel on mène les recherches et analyses sur l’histoire des femmes a aussi changé ou plutôt s’est transformé. On est passé des Women’s Studies au Gender Studies, étudiant les rapports sociaux entre les sexes.
Qu’est-ce que vous motive à rédiger un deuxième volume ?
GG : Premièrement, l’ambiance de travailler tous ensemble pour créer cet ouvrage, de s’échanger sur les avancées des articles et les recherches. De plus, la rédaction de l’ouvrage contribue à la production de connaissances, dont les lectrices et lecteurs peuvent profiter. Par ce deuxième volume, nous pouvons peut-être répondre aux questions que les lecteurs se posent et provoquer de nouveaux débats sur cette thématique.
L’interview a été mené par Fanny Thill
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