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(Aleksandra Lankamer) Comme nombreux mouvements, l’écoféminisme est divers, dynamique et impossible à définir en une phrase. De même, en produire une évolution succincte chronologique avec événements, individus et textes clés ne pourrait tout de même pas offrir une vision ordonnée. Cependant, afin de tracer les grandes lignes du mouvement au fil du temps, dans les deux prochains articles, je vais suivre partiellement la synthèse de la professeure de philosophie Jeanne Burgart Goutal, auteure d’Être écoféministe : Théories et pratiques, paru en 2020. Elle y insiste à maintes reprises sur sa qualification de l’écoféminisme comme un « joyeux bordel », extrêmement diversifié mais uni autour de la conviction que la domination des femmes, d’une part, et la domination de la nature, d’autre part, sont indissociablement reliées.
Dans cet ouvrage, Burgart-Goutal produit une vue d’ensemble sur l’histoire du mouvement, et sa multitude de branches, qu’elle chevauche de ses propres réflexions. Bien que je conseillerais à ceux qui le souhaitent et ont le temps de lire ce livre (ainsi que d’autres : un article avec des recommandations va suivre), j’espère pouvoir produire une synthèse plus courte, et moins complète, mais qui saura apporter un aperçu intéressant, en utilisant d’autres sources également.
Le terme écoféminisme, en lui-même, provient du livre Le féminisme ou la mort, écrit par l’auteure française Françoise d’Eaubonne, en 1974. Cependant, le mouvement n’a véritablement pris racine en France que à partir des années 1990-2000. C’est plutôt aux États-Unis, Royaume-Uni et en Inde que l’activisme écoféministe s’est répandu initialement, avec des racines dans d’autres mouvements tels que les mouvements pacifiste, anti-nucléaire, anticolonialiste etc.
La théorie développée par Rachel Carson dans son ouvrage Le Printemps Silencieux (Silent Spring), paru en 1962, a fait d’elle une précurseuse de l’écoféminisme. Elle y développe ses arguments contre l’utilisation de pesticides, particulièrement les DDT, au vu de leur impact dangereux sur la biodiversité – grâce à la mobilisation menée par Carson, a suivi la chute du lobby pour les DDT aux États-Unis. Bien que le mot « écoféminisme » n’avait pas encore vu le jour, Carson a dû faire face à une vague de misogynie adressée à elle. Étant une femme publiquement active dans la protection de l’environnement, elle défiait ainsi le rôle imposé aux femmes : privé et domestique. C’est cela qui a fait d’elle une figure écoféministe avant l’heure selon certains.
Plusieurs exemples peuvent être cités en ce qui est de premières mobilisations collectives écoféministes entre 1970 et 1990. Tandis que dans certaines, le mot « écoféminisme » était explicitement revendiqué, dans d’autres le terme n’était que peu ou pas du tout présent. Malgré cela, nombreux·ses activistes écoféministes les nomment comme exemples et inspiration, ceci dû à leur fondement commun sur l’existence d’un lien particulier entre l’oppression patriarcale et celle de la nature.
Françoise d’Eaubonne a formé la toute première théorie explicitement écoféministe. Cependant, nombreuses théories ont suivi entre les années 1970 et 1990, qui ont fortement contribué au développement et à la popularisation d’idées écoféministes, surtout dans les cercles académiques.
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