lettre ouverte de Sandrine Gashonga, présidente de Lëtz Rise Up
(Sandrine Gashonga 20.04.2020) Ces inégalités affectent les femmes sans papiers dans de nombreux domaines comme la santé, la sécurité, l’emploi et le logement, les rendant de plus en plus vulnérables au virus. Alors qu’elles vivent déjà dans une grande précarité, n’ayant pas accès à un emploi déclaré et sans aide sociale, cette situation devient encore plus insupportable dans un contexte de crise. Leurs conditions de vie ordinaires et l’arrêt ou le ralentissement de l’aide habituellement donnée par les associations sont particulièrement incompatibles avec les mesures de confinement. Comment se faire dépister ou soigner lorsqu’on a plus de couverture sociale ? En 2018, 40 % des personnes soignées par Médecins du monde à Esch-sur-Alzette, l’une des seules associations à prendre en charge des groupes de population vulnérables, étaient des femmes. Contraintes d’utiliser les transports en commun en raison de l’éloignement de leur logement des centres-villes, elles sont d’autant plus directement touchées par la propagation du virus.
D’autre part, les femmes sans papiers occupent pour la plupart les emplois dont on semble découvrir soudainement l’utilité sociale, comme le nettoyage. Engagées sans contrat et payées au noir, elles risquent à tout moment d’être congédiées sans préavis ni indemnités, sans aucun revenu de remplacement, et se retrouvent ainsi subitement sans ressources. Cette situation, avec le risque d’impayé pouvant entraîner l’expulsion du logement, est un facteur de stress considérable.
Les problèmes rencontrés par les personnes mal logées en période de confinement sont nombreux. Dans le cas des femmes sans papiers, leur hébergement chez des amis ou des connaissances dans leur communauté engendre une dépendance, malgré le caractère précaire et aléatoire de ces relations. Quand elles sont victimes de violences domestiques, les femmes extra-communautaires doivent faire face à une double peine. Le fait de quitter son domicile, porter plainte et faire reconnaître les violences subies est déjà très compliqué, voire traumatisant pour la plupart des femmes, ce processus est encore plus lourd pour les femmes qui se trouvent dans une situation de dépendance économique et administrative vis-à-vis de leur mari. Dans des conditions ordinaires, le centre d’accueil Fraenhaus, de l’Asbl Femmes en détresse reçoit déjà très rarement des femmes sans papiers. Comment pourraient-elles chercher de l’aide en situation de confinement ?
Dans un contexte où les possibilités de mouvement sont restreintes, elles sont contraintes de subir les violences de leur conjoint sans possibilité de s’éloigner du domicile. Quand on a pas d’autorisation de séjour, se balader dans la rue pour faire ses courses ou prendre de l’air en situation de crise, les expose au risque d’être arrêté.es à tout moment lors d’un contrôle de police. Pour les travailleur.ses du sexe sans papiers, la situation est tout autant préoccupante. En situation de confinement, elles se retrouvent subitement sans ressources, et doivent aussi faire face aux restrictions de l’accès au « drop in » (le service de la Croix-Rouge qui leur fournit un soutien médical, social, psychologique et matériel), qui n’est accessible que par seulement deux personnes à la fois.
Cette crise sanitaire montre plus que jamais la nécessité de mettre en place un système de protection social inclusif et accessible, qui permettrait un accès aux soins de santé pour toute personne vivant au Luxembourg, quel que soit son statut administratif. Elle montre également la façon dont des solutions efficaces peuvent être mises en place comme pour le Portugal, qui a décidé de régulariser temporairement les étrangers ayant introduit une demande de séjour avant la crise. Donner aux sans-papiers l’accès aux mêmes soins et aides financières que les Luxembourgeois permettrait aux autorités de montrer un signe de solidarité envers cette population vulnérable, tout en empêchant la propagation du virus. Que cette crise soit l’occasion pour nous d’ouvrir les yeux sur la situation insupportable des sans-papiers, pour que le Luxembourg s’engage dans une régularisation, sans condition.
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