Biographie Lou Koster

Album-382Lou Koster est née le 7 mai 1889 à Luxembourg-Ville. C’est son grand-père, Franz Ferdinand Bernhard Hoebich (1813-1900), né en Silésie, qui lui enseigne la théorie musicale, le violon et le piano. Hoebich avait exercé en tant que maître de chapelle de la cour grandducale luxembourgeois
e et avait été le tout premier chef de la musique militaire du pays. Veuf depuis 1882, il passe ses vieux jours dans la maison de sa fille Emma et se consacre essentiellement à l’éducation musicale de ses petits-fils et petites-filles. Grâce à lui, Lou Koster fait donc partie du cercle restreint de jeunes filles luxembourgeoises qui reçoivent dès leur petite enfance une éducation musicale. À l’époque, le Conservatoire de Luxembourg n’existe pas encore et l’Ecole de Musique Municipale, fondée à Luxembourg-Ville en 1823 par Henri-Joseph Cornély (1786-1866), qui dispensait également ses cours aux jeunes filles, avait fermé définitivement en 1882. Ce n’est que le 1er mai 1906 que l’inauguration officielle du Conservatoire de Musique Fondation Eugénie Pescatore-Dutreux a lieu à Luxembourg-Ville, grâce à une généreuse mécène.

Àgée de 17 ans, Lou Koster s’y perfectionne en violon, piano, solfège et harmonie. Concernant la composition et l’orchestration, elle doit se former elle-même, en autodidacte. Durant de longues années, la classe de composition n’existe que sur le papier (le premier élève ne se présente qu’en 1943 à un examen dans cette classe du Conservatoire, administré à l’époque par l’occupant nazi). Dans la famille Koster, l’éducation musicale des filles n’a pas pour but le seul divertissement. Les trois jeunes sœurs, Lou, Lina et Laure, apprennent tôt à gagner leur vie grâce à la musique. Ainsi, elles jouent de la musique d’accompagnement des films muets au cinéma et se produisent dans des cafés-concerts de la capitale ou bien lors de cérémonies de mariage ou de fêtes organisées par l’association Freidenkerbund / Libre Pensée, où les membres de la famille Koster sont très engagés. Durant l’année scolaire 1908/09, Lou Koster devient ‹élève-monitrice› en piano et en violon au Conservatoire; les élèves doués peuvent être invités par le directeur à donner des cours comme auxiliaires. Officiellement, les auxiliaires doivent être titularisés au plus tard après quatre ans, mais ce règlement n’étant pas appliqué, Lou Koster conservera le titre de ‹monitrice› pendant treize ans. Ce travail est plutôt mal rémunéré, mais en 1922 la jeune musicienne reçoit enfin sa FR 3 nomination comme professeure de piano. Elle enseigne au Conservatoire jusqu’en 1954.

Durant toutes ces années, elle fait aussi partie de l’orchestre du Conservatoire, qui semble cependant n’avoir jamais joué aucune de ses œuvres. Selon ses propres dires, Lou Koster se sent une vocation de compositrice dès son enfance. Ses premières œuvres sont des mélodies. Suivant la tradition familiale, la jeune femme exerce aussi bien en tant qu’interprète qu’en tant que compositrice dans les domaines de la «musique sérieuse » et de la «musique légère », et ce au moins jusqu’à la fin des années 1930. A la composition de ses mélodies s’ajoutent donc toute une série de pièces légères pour piano, surtout des suites de valses, mais aussi des marches et danses diverses. Avant et après la Grande Guerre, elle publie un choix de 14 de ces pièces en Allemagne (Edition Aurora, Weinböhla près de Dresde) et en Belgique (Maison Musicale Moderne, Bruxelles). En 1922 a lieu la création de son opérette en un acte An der Schwemm (À la piscine) d’après un livret de Batty Weber (1860-1940), écrivain et journaliste bien connu au Luxembourg. Les critiques dans les quotidiens luxembourgeois confirment l’affluence du public et le succès de l’œuvre. Cette opérette est rejouée cinq ans plus tard, en version plus longue et en allemand, sous le titre de Amor im Bade et chantée par des chanteurs et chanteuses allemands, entre autres le très jeune Kurt Seifert (1903-1950). Dans les années 1920, Lou Koster commence à composer une vingtaine de pièces légères pour orchestre (des valses, marches, fantaisies, ouvertures, suites etc.). Elle crée les premières pièces avec son propre ensemble. Les fêtes de natation du ‹Swimming Club Luxembourg› offrent maintes occasions à la jeune musicienne, elle-même sportive et nageuse passionnée et accomplie, de prouver son talent de compositrice et de cheffe d’orchestre.

Durant les pauses entre les compétitions de natation, un orchestre installé au-dessus des cabines de douche et dirigé par Lou Koster – probablement à partir du piano – offre un divertissement musical. C’est dans un tel cadre qu’elle crée par exemple son Swimming Marche le 25 juin 1922. Dès 1933, la grande station européenne Radio-Luxembourg commence à s’intéresser à la compositrice. De 1933 à 1939, on ne compte pas moins de 111 émissions avec son nom sur les programmes. C’est l’orchestre de la station, sous la direction de Henri Pensis (1900-1958) qui joue le plus souvent ses œuvres. Les années de guerre sous l’occupation allemande sont difficiles pour nombre de compositeurs luxembourgeois. Comme en témoignent des documents d’époque, les occupants reprochent à Koster elle-même une soi-disante «francophilie». Il n’est donc pas surprenant que, durant les années de guerre, ses œuvres ne figurent plus sur aucun des programmes de concerts d’une vie musicale gérée par les occu- 4 pants nazis. Après la guerre, comme beaucoup d’autres compositeurs, elle doit donc reconstruire sa renommée. Durant les trois dernières décennies de sa vie, elle se détourne définitivement de la musique légère et se concentre sur la musique vocale. Le 22 novembre 1959, une soirée musico-littéraire consacrée aux mélodies de la compositrice (entre-temps septuagénaire) a lieu au Théâtre municipal sous le patronage de la ville de Luxembourg. Les auditeurs y affluent et le concert est largement et positivement commenté dans la presse régionale. Encouragée par ce succès, Lou Koster fonde l’ensemble de chant Onst Lidd (Notre Chanson), qu’elle accompagne au début elle-même au piano. Officiellement, le but de l’ensemble est de promouvoir la composition vocale luxembourgeoise.

En feuilletant les nombreux programmes et critiques de concert de cet ensemble très actif, on peut cependant constater que la plupart des compositions interprétées sont de la plume de Lou Koster. C’est à quatre-vingt-trois ans qu’elle connaît son plus grand succès public. Le 9 juillet 1972, son œuvre la plus longue, la ballade Der Geiger von Echternach (Le violoneux d’Echternach) – d’après un texte de Nikolaus Welter – est jouée par l’orchestre de RTL et la ‹Chorale Municipale Uelzecht› sous la direction de Pierre Cao dans la basilique d’Echternach. Cette fois-ci, la réaction de la presse luxembourgeoise est non seulement positive, mais véritablement euphorique dans certains journaux. Proposition est faite de jouer cette œuvre dans la basilique d’Echternach tous les étés, respectivement un été sur deux. Le 27 juin 1974, l’œuvre y est présentée une seconde fois. Lou Koster n’y assistera plus. Elle est décédée le 17 novembre 1973 à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, à Luxembourg-Ville.

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