Livre Being Imposed Upon

Being Imposed Upon

(proposé par Myriam Abaied, Finkapé)

Déconstruire et réapprendre. Tel est la mission de Being imposed upon.

Militantes, artistes, universitaires et femmes ordinaires font front commun pour déposséder les corps noirs et surtout celui des femmes, de la honte, de la culpabilité et du déni de soi et laisser place à la célébration. Cesser l’errance dans une société européenne qui clame l’union et ostracise en amont.
Les maitres mots sont la guérison, la représentation, l’occupation et la création des espaces. Imposer le corps noir dans tous les pans de la société. Et pour ce faire, il faut déconstruire et réapprendre. L’ouvrage trace les sept étapes de l’éveil et de la conscientisation.
Déconstruire ce que renvoie le corps de la femme noire et constater la collectivité des histoires individuelles. Le postulat est clair : « J’étais avant tout un corps enchainé à des représentations limitantes, formatées par un imaginaire collectif post-colonial ». L’éveil est douloureux et inconfortable et il faut laisser place à la Guérison. Guérir de quoi ? « D’une image de soi ébréchée, abimée, tronquée, déformée. », du poids de la charge raciale nous expliquera Aline Bosuma W’okungu Bakili tout en proposant des pistes menant à une image de soi positive.

Rendre attentif qu’un féminisme universel, c’est un féminisme qui tient compte des individualités. Dans Feministes, aussi entendez-nous, Modi Ntambwe vient mettre les différents mouvements féministes en accord avec les intersections afro-descendantes et plaide en faveur d’un éveil et d’une prise de conscience : « Nous qui sommes ici devons juste être entièrement reconnues, et non plus comme des primo-arrivantes dans le monde des féministes. Nous sommes la continuation d’un pan de l’histoire des femmes qui jusque-là était simplement invisibilité »

Djia Mambu est quant à elle tout autant attentive sur les questions de représentation notamment au cinéma et dans les médias, car « Ce qu’on ne voit pas, n’existe pas »
Elle constate tristement le manque de représentation et de diversité non seulement dans le cinéma et les arts visuels, mais aussi dans le monde de l’entreprise où les femmes noires agissent en minorité visible.
Enfin, les dernières étapes consistent à occuper et recréer des espaces où la culture et les identités ont la légitimité d’exister, de se retrouver et d’évoluer. « L’enjeu : créer un système pérenne qui ouvre l’accès des penseurs(euses) critiques racisé(es) et issu(es) de la classe dite ouvrière et engagé(es) pour plus de justice sociale » et décoloniser l’espace public
De permettre non seulement aux théories postcoloniales d’être discutées et partagées dans un lieu sécure, comme le Café Congo à Bruxelles, et décrit comme « un tiers-lieu éphémère, un endroit de résistance dédié aux créations artistiques ». Par la création d’un tel lieu autogéré, les individus peuvent librement laisser cours à la force créatrice. Censure et réappropriation culturelle font partie des maux que subissent non seulement les individus issus des anciennes colonies, mais aussi les artistes racisés, ces derniers évoluant dans un système profondément élitiste où règne une forme de darwinisme social.

En conclusion, Lisette Ma Neza, scande son envie de plus, ses espoirs et sa gratitude à ses sœurs noires « qui écrivent, archivent, bougent, enquêtent, et transmettent leur parole ».

(Eindhoven: Onomatopee 2020, 272 pages)

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