La première députée: Marguerite Thomas-Clement

La porte-parole des femmes au parlement

M_Thomas-ClementMarguerite Clement est née en 1886 à Luxembourg-ville. En 1917 elle se marie avec Xavier Thomas, socialiste et membre de l’ « Action républicaine ».1 A l’occasion des premières élections d’après le principe du droit de vote universel en 1919, l’institutrice est élue sur la liste sociale-démocrate de la circonscription Centre. Elle est la seule femme à entrer au parlement.2 Déjà en 1920 elle introduit un projet de loi qui prévoit « après l’égalité politique aussi l’égalité civile et économique des deux sexes. » Mais il ne passe pas.3

Marguerite Thomas-Clement aborde au parlement des sujets qui sont le plus souvent ignorés dans la société luxembourgeoise des années 20. Elle attire l’attention sur les mauvaises conditions de travail et de rémunération des femmes travaillant dans la sidérurgie. Elle critique la situation misérable des auxiliaires de l’Etat, introduit avec succès une motion pour réduire la vente d’alcool et se fait « porte-parole des femmes » lorsqu’elle dénonce les conditions d’hygiène déplorables à la maternité de la capitale. La députée n’hésite pas non plus à défendre les prostituées emprisonnées pour raison de maladies contagieuses à la prison des femmes.

De 1919 à 1931 Marguerite Thomas-Clement reste la seule députée luxembourgeoise. En 1924, lors d’élections dans la capitale, Marguerite Thomas-Clement obtient un très bon résultat et devient échevine dans une coalition sociale-libérale. Peu de temps après elle se distancie du parti socialiste et devient membre d’un groupe radical-socialiste. Suite au processus de décomposition de cette tendance politique, elle n’est plus réélue en 1931.

Un témoin de l’époque la décrit de la façon suivante:

« Elle a une telle prestance qu’elle en confond d’aucuns. Nous utiliserions pour cela, si nous […] ne voulions pas être galant à l’égard d’une dame, l’expression gauloise appropriée de ‘culot’. Emplie de cette assurance, elle plane et elle froufroute à travers la salle plénière de la Chambre, les salles de consultation du conseil échevinal […] et à travers les assemblées populaires enfumées, braillantes et puant la sueur qui se bousculent en période électorale autour du pupitre de l’école du village ou la tribune du bastringue. Elle parle avec une habileté aisée, saisissant parfaitement la psychose populaire. D’une manière légère, enveloppante et badinante, tout en maîtrisant une forme claire, nette et impeccable. En patois comme en français.

[…] Son attitude politique des dernières années est seulement due à la haine qui la sépare de certains dirigeants du parti socialiste. Elle a tout sacrifié à cette haine : ses principes, son programme, ses amis et – son avenir ! » 4


1 Renée Wagener, Sprecherin der Frauen: Marguerite Thomas-Clement die erste Luxemburger Abgeordnete, in: Germaine Goetzinger, Antoinette Lorang, Renée Wagener (édit.) « Wenn nun wir Frauen auch das Wort ergreifen… », Luxembourg 1997, p. 100.

2 Sonja Kmec, Renée Wagener (et al.), Frauenleben–Frauenlegenden. Ein Streifzug durch 1000 Jahre Stadtgeschichte: Persönlichkeiten, Geschichte(n) und Hintergründe, Luxembourg, 2007, p. 16.

3 ibidem

4 Luxemburger Landes-Zeitung und Freie Presse, 26 février 1929, p. 1.

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